THE HUNGRY HEARTS, DE L’ÉLECTRO-POP LESBIENNE POUR ENFLAMMER L’EUROVISION

Elles sont huit sur scène, toutes lesbiennes, et leur premier album, qui sortira en mars, s’appelle «Dyke Forever». Elles représenteront peut-être la Norvège lors du Concours 2016. Réponse samedi.

L’Eurovision et les lesbiennes? Un sujet plutôt tabou jusqu’ici. En 2013, le baiser échangé entre la candidate de la Finlande, Krista Siegfrids, et une de ses danseuses lors des répétitions de sa chanson «Marry Me» avait fait scandale. Et les seules artistes femmes revendiquant leur homosexualité à avoir participé au télé-crochet européen n’en étaient pas! Rappelez-vous, c’était en 2003: le duo de pseudo-lesbiennes t.A.T.u., dont les étreintes n’avaient qu’une visée marketing, avait fini en troisième position du classement. Et comble du comble, le groupe représentait la Russie! La même Russie qui onze ans plus tard, après la victoire éclatant de Conchita Wurst, menaçait de boycotter le concours de la chanson au motif que la manifestation faisait de la «propagande homosexuelle».

Alors voir débarquer un groupe comme The Hungry Hearts lors du prochain concours de l’Eurovision, ce serait la revanche qu’on attend depuis des années. Les Norvégiennes en sont à deux doigts. Si elles remportent le Melodi Grand Prix samedi soir, elles seront les candidates désignées du pays scandinave à l’Eurovision 2016, qui aura lieu cette année dans la Suède voisine, à Stockholm. Et c’est justement avec une chanson sur la Russie qu’elles comptent concourir.

CRITIQUE DE L’HOMOPHOBIE DU GOUVERNEMENT RUSSE
«The streets of Moscow, with my girlfriend! The streets of Moscow, with my girlfriend!» Voilà commence la chanson «Laïka», co-interprétée avec la chanteuse de jazz norvégienne Lisa Dillan. Mais plutôt que de se lancer dans une critique frontale de l’homophobie du gouvernement russe, le groupe a choisi de raconter sa version de l’histoire de la chienne Laïka, mise en orbite autour de la Terre en 1957 par le programme spatial soviétique. «J’étais enfant quand j’ai entendu parler de Laïka pour la première fois. C’est une histoire tout à fait terrible. Elle avait une belle vie dans les rues de Moscou jusqu’à que des êtres humains arrivent, l’enferment dans Spoutnik 2 et qu’elle meure dans l’atmosphère», résume Tonje Gjevjon, fondatrice du groupe. «Sa vie et sa petite amie lui manquaient là-haut», ajoute-t-elle. «Mister Putin will not like it!»

«Nous n’avons pas d’instruments donc ce que nous utilisons sur scène ce sont nos corps de femmes»

De passage dans la capitale allemande durant la Berlinale, The Hungry Hearts ont illuminé une des soirées du festival organisées sous l’égide du magazine queer Siegessäule de leur électro-pop entraînante et de leurs chorégraphies déjantées. «Nous n’avons pas d’instruments donc ce que nous utilisons sur scène ce sont nos corps de femmes, nos courbes, mais pas d’une façon stéréotypée. Nous flirtons avec l’image de la femme hétérosexuelle un peu ennuyeuse », explique Tonje Gjevjon. Fondé il y a dix ans, le groupe n’avait jusqu’ici encore jamais enregistré d’album, se contentant de prestations lives. Son tout premier album, «Dyke Forever», sortira à la mi-mars : «Ce titre est une déclaration car il est important que les artistes lesbiennes puissent dire dans leurs chansons qu’elles aiment une femme, au lieu de le cacher par peur de perdre de l’audience. C’est un hommage. Nous sommes fières d’êtres lesbiennes et nous sommes des lesbiennes heureuses», insiste Tonje Gjevjon. On lui souhaite de pouvoir répéter bientôt ces mots devant des millions de téléspectateurs.

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