De «Benedetta» à «La fracture» en passant par «Great Freedom», «Money Boys», «Neptune Frost» ou «Les amours d’Anaïs», seize prétendants s’alignent cette année pour viser le trophée cannois du meilleur film LGBTQ+.
Déferlement de pellicule sur la Croisette, du 6 au 17 juillet. Exceptionnellement déplacé du printemps à l’été, le Festival de Cannes débarque avec plus de 120 films, toutes sections confondues, dont 24 prétendants à la prestigieuse Palme d’or. Ce cru 2021 mise sur les valeurs sûres, mais n’oublie pas la jeune génération et fait une part assez belle aux femmes. Particulièrement à la Quinzaine des réalisateur·trice·x·s, qui respecte la parité.
Beaucoup d’œuvres sont très attendues dans cette 74e édition, à l’image de Benedetta de Paul Verhoeven, un des favoris, qui figure également dans la liste des candidat·e·s à la Queer Palm. Cet équivalent des Teddy Awards berlinois est présidé cette année par Nicolas Maury. Adapté de Soeur Benedetta, entre sainte et lesbienne de Judith C. Brown, le long métrage du Néerlandais s’inspire du parcours de cette nonne homosexuelle capable de miracles, campée par Virginie Efira. Tourmentée par des visions religieuses et érotiques, elle rejoint le couvent de Pescia en Toscane, alors que la peste ravage l’Italie au 17e siècle. Mêlant sexualité, dévotion et ambition humaine, l’auteur propose un thriller provocateur, tout en faisant la distinction entre le sacré et le profane.
DES MÉTRAGES PUISÉS DANS TOUS LES VOLETS DU FESTIVAL
Parmi les seize titres puisés dans les différents volets du festival, on trouve une majorité de Français·e·s. On citera, en compétition, Catherine Corsini avec La fracture racontant l’histoire d’un couple en crise formé par Marina Foïs et Valeria Bruni-Tedeschi. Dans Les Olympiades, son premier opus en noir et blanc librement adapté des romans graphiques de l’Américain Adrian Tomine, Jacques Audiard se penche sur les amours multiples de quatre personnages, trois filles et un garçon. De son côté Julia Ducournau, fascinée par les corps en mutation, questionne, avec Titane, les thèmes de l’identité, de la filiation et du genre.
Un Certain Regard livre des longs métrages queer a priori passionnants, à commencer par Money Boys. À travers l’expérience de Fei, jeune villageois qui se prostitue pour subvenir aux besoins de sa famille, le Chinois C.B. Yi aborde le tabou de l’homosexualité masculine dans l’empire du Milieu, tiraillé entre les valeurs rurales traditionnelles et le capitalisme galopant. Avec Great Freedom, l’Autrichien Sebastian Meise revient, lui, sur une époque où l’homosexualité, illégale, était condamnée dans son pays et en Allemagne. Son héros gay s’obstine pourtant à rechercher la liberté et l’amour, même en prison.
Dans La Semaine de la critique, on retient Les amours d’Anaïs de Charline Bourgeois Tacquet. L’héroïne a trente ans et pas assez d’argent. Elle a un amoureux qu’elle n’est plus sûre d’aimer. Elle rencontre Daniel, à qui tout de suite elle plaît. Mais Daniel vit avec Émilie… qui plaît aussi à Anaïs. C’est l’histoire d’une jeune femme en mouvement incarnée par la charmante Anaïs Demoustier, et celle d’un grand désir.
À La Quinzaine des réalisateurs, on découvre Neptune Frost, représentant l’Afrique. Réalisé par un couple, l’Américain Saul Williams et la Rwandaise Anisia Uzeyman, il relate la liaison amoureuse entre un fugueur intersexué et un mineur de coltan.
ELÉMENTS DE RÉFLEXION
La liste comprend encore Compartment No 6 du Finlandais Juho Kuosmanen, Women Do Cry des Bulgares Mina Mileva et Veseka Kazokova, Vénus sur la rive de la Chinoise Lin Wang. Ainsi que Bruno Reidal de Vincent Le Port, Petite nature de Samuel Theis, Ghost Songs de Nicolas Peduzzi, trois tricolores de plus. À noter que certaines productions, comme nous l’explique Paolo Moretti, directeur de la Quinzaine, ne sont pas explicitement LGBT+, mais présentent des éléments de réflexion. À l’instar de La colline où rugissent les lionnes de la Française Luana Bajrami, ou Retour à Reims (Fragments) de son compatriote Jean-Gabriel Périot.
Lequel de ces films saura le mieux séduire Nicolas Maury et ses trois jurés (Roxane Mesquida, Josza Anjembe, Vahram Muratyan) pour décrocher la Queer Palm et succéder au magnifique Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma? Réponse le 17 juillet.
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